1914 l’Hôpital Bénévole
Il y a un peu plus d’un siècle, le tocsin sonnait à Saint-Paul comme dans toutes les communes de France pour annoncer le début de la grande guerre 14-18. Avec elle, apparaissait la mort industrielle de masse à laquelle les services de santé n’étaient absolument pas préparés : D’après le rapport Marin, à la fin septembre 1914, l’armée française accuse déjà outre 400 000 blessés évacués, plus de 300 000 tués ou disparus. Près de 40% des morts français de la guerre sont tombés pendant les premiers mois du conflit.
A l’hécatombe des premières semaines succède rapidement le désastre sanitaire. L’armée croule sous le nombre de blessés, dont près de 70% le sont par l’artillerie entraînant des blessures « sales » infectées par éclat d’obus. Les trains et autres véhicules sanitaires sont bondés et en nombre insuffisant, ce qui n’arrange pas les chances de survie des blessés. Les bandages et pansements font également rapidement défaut de même que les sérums antitétaniques.
Le 19 septembre – au lendemain de la terrible bataille de la Marne - le général Pelecier, commandant de la 12e région militaire dont dépend Limoges, recherche des locaux à proximité du train ou du tram pour soulager des hôpitaux militaires surchargés. Or la ligne de tramway de Limoges à Peyrat-le-Chateau, ouverte par les chemins de fer départementaux de la Haute-Vienne (CDHV) avant-guerre, traverse le bourg de Saint-Paul.
C’est dans ces conditions d’urgence que l’hôpital bénévole n°10 bis de Saint-Paul-d’Eyjeaux ouvre ses portes le 6 octobre 1914 dans une demeure particulière, semble-t-il avenue de Limoges, à proximité immédiate de la demeure du Dr Boussenot, médecin de Saint-Paul, qui s’occupe des blessés.
La municipalité, dans une réunion extraordinaire du 11 octobre 1914, nomme une commission afin d’« exercer une surveillance vigilante sur la manière dont seront logés, nourris et entretenus les soldats blessés envoyés en traitement ou convalescence dans la commune ainsi qu’à prendre toutes les mesures propres à hâter leur rétablissement ».
Un autre hôpital de 30 places, le « 11 bis », ouvre presque simultanément à Pierre-Buffiére, desservi par le train. Plus d’une trentaine d’hôpitaux bénévoles de toutes tailles ouvriront leurs portes dans le département au cours des mois de septembre et octobre 1914.
Le terme « d’hôpital bénévole » désigne une initiative privée, souvent une œuvre caritative, une congrégation religieuse ou encore une mise à disposition par une commune ou un particulier. Nous sommes dans une période où les dons de tous ordres vont fleurir abondamment. Cet hôpital bénévole est donc une organisation totalement civile rattachée administrativement à un hôpital temporaire à statut militaire (hôpital complémentaire) qui lui adresse ses blessés, malades ou convalescents.
Celui de Saint-Paul dépend de l’hôpital complémentaire n°4 de Limoges (Lycée de garçons Gay-Lussac) de la 12e région militaire. D’une capacité de 20 lits, il semble avoir accueilli essentiellement des blessés des membres inférieurs en convalescence.
Au fil du temps le système sanitaire se restructure complètement et la fin de la guerre de mouvement voit le chiffre quotidien des pertes diminuer. L’hôpital bénévole de Saint-Paul ferme ses portes le 28 novembre 1915. Ses occupants paraissent avoir été dirigés vers les structures sanitaires du Dorat.
Nos connaissances sont hélas lacunaires sur cet épisode de la vie de Saint-Paul, ne serait-ce que son implantation exacte (l’actuel 26 avenue de Limoges ?). Alors si vous avez des connaissances ou des documents sur l’accueil des blessés dans notre commune, n’hésitez pas à vous faire connaître en mairie car il serait regrettable que cette page de l’histoire sombre dans l’oubli.
Merci au site http://hopitauxmilitairesguerre1418.over-blog.com, au SAMHA (service des archives médicales et hospitalières des armées) de Limoges et aux habitants de Saint-Paul qui ont guidé nos recherches.