La Chapelle du Champ de Foire

La chapelle du champ de foire, cause de discorde.

Cette chapelle autrefois sise dans le cimetière se trouve sur ce qui est devenu le champ de foire que nous connaissons aujourd’hui, à proximité immédiate de l’actuel restaurant « les deux cygnes ».
L’histoire commence le 4 février 1906 : le Conseil Municipal, en effet, a décidé sur proposition d’un de ses membres et à la majorité, de faire démolir une petite chapelle située sur le champ de foire, à l’extérieur du cimetière, « attendu qu’elle est une gêne pour le commerce les jours de marché et qu’elle occupe un espace qui serait très nécessaire pour placer le bétail ».
La propriétaire Madame de La Biche a aussitôt fait savoir au maire qu’elle s’oppose catégoriquement à cette résolution et obtient le soutien de George Fourest.
Il faut préciser le contexte très tendu de l’époque car depuis le 11 décembre 1905, la loi de séparation des églises et de l’État est promulguée. Il faut faire les inventaires des biens de l’église, provoquant parfois, comme à Saint-Paul, une discorde durable entre le pouvoir laïque et le pouvoir religieux.
Ainsi, lors d’une session extraordinaire du 23 décembre 1906, le maire soutient que la commune reste libre de disposer du presbytère. C’est ainsi que le Conseil Municipal, à la majorité,
« considérant que le clergé français préfère se soumettre aux ordres du pape plutôt qu’aux lois de son pays » refuse de louer le presbytère au curé. Celui-ci se voit invité à l’abandonner « dans un délai de huit jours, à compter du 24 décembre courant ». Le curé avait pourtant offert 100 francs de loyer mais cela n’est pas jugé suffisant. Le 27 février suivant, c’est même « l’attribution de la jouissance gratuite de l’église » qui lui est interdite.

C’est dans ce contexte brûlant que la chapelle du champ de foire va défrayer la chronique de Saint-Paul pendant des années avec ses partisans et ses adversaires.
Après la délibération du 4 février 1906, le Conseil Municipal n’a nullement l’intention de laisser traîner l’affaire : le 5 août, il décide d’informer les requérants qu’ils « auront à produire au maire de Saint-Paul les titres de propriété sur cette chapelle et cela dans un délai de 40 jours à partir du 4 septembre 1906 ». Madame de La Biche, propriétaire, toujours soutenue par Georges Fourest parvient à obtenir, d’abord un délai, puis le maintien de la chapelle.
Le 16 août 1908, le Conseil Municipal confirme ses délibérations de 1906 et fait de nouvelles et pressantes démarches auprès du préfet de la Haute-Vienne pour que la chapelle, « qui est une gêne pour le commerce local », soit enlevée aussitôt que possible, mais la situation n’évolue pas.
Le 17 mars 1912, le nouveau maire de Saint-Paul, Léonard Bourru, soumet derechef à son conseil le dossier relatif à « son enlèvement » et fait savoir que Madame de la Biche devra « faire connaître ses intentions dans les délais légaux ».
Là encore la situation n’évoluera pas, mais entre-temps la chapelle tombe en ruine. Il faudra attendre 1928 pour que le fils de Mme de la Biche s’entende avec la municipalité pour la démolition de la chapelle, après accord sur ses exigences.
Le 19 février 1928, le Conseil Municipal prend la délibération suivante :
« Considérant que la démolition de ce monument, qui présente à l’heure actuelle un véritable danger public est demandé par toute la population, le Conseil Municipal décide :
– 1 de donner à la famille de la Biche une nouvelle concession perpétuelle dans le cimetière.
– 2 de faire transférer les restes, en présence de clergé et aux frais de la commune.
– 3 de faire démolir le monument par les soins du service vicinal qui, de ce fait sera en mesure d’élargir le chemin allant de Saint-Paul à la Geneytouse ».

Délibération du conseil municipal du 19 février 1928.

Ainsi, après 22 ans de palabres, d’admonestations, voire d’invectives, un terrain d’entente a enfin été trouvé. La petite chapelle funéraire, fondée à la fin du XIVe siècle, est démolie. Deux pierres tombales sont transférées dans le cimetière et une piéta, ou Vierge de Pitié, dans l’église paroissiale. Cette Piéta est connue sous le nom de Notre-Dame-de-Pitié, à laquelle était précisément dédiée la chapelle disparue.

La Pieta ou Vierge de Pitié (classement MH)
(Sources : travaux de Gilbert Beaubatié et ceux de Geneviève Chabrely)
Les parties en italiques sont issues des délibérations des conseils municipaux.

 

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